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Miarka et le génocide oublié : Dans l’album des « Bijoux de la Castafiore » paru en 1963, Hergé introduit une communauté de tsiganes qui fait son apparition dès les premières pages. L’auteur personnalise quelques membres de ladite communauté, un homme nommé Matéo et une petite fille Miarka. Cette dernière, s’étant égarée, est retrouvée par Tintin et Haddock qui ont la bonne idée de l’accompagner pour retrouver sa famille, laquelle vit au milieu des déchets et des détritus. Sur place, Haddock est le premier consterné et pose une question naïve mais révélatrice : « Comment peut-on vivre au milieu des immondices ? », question à laquelle Matéo répond de la façon suivante : « Ah parce que Monsieur pense que nous l’avons choisi ? ». La question de Haddock est révélatrice d’une certaine déconnexion de la réalité que peuvent vivre les populations en situation de précarité. En effet, Haddock menant une vie de château ne s’imagine pas forcéme...
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Bruxelles, une ville populaire dont la richesse est artistique et culturelle : Bruxelles est une ville dans laquelle j’ai l’habitude de me rendre régulièrement, jusqu’à deux fois par an. En tant que Tintinophile, j’ai un regard toujours très particulier sur chacun des quartiers que j’arpente. Je dois dire que la magie opère assez vite puisque je suis déjà prédisposé psychologiquement à ouvrir l’œil et à dénicher la moindre référence à Tintin ou à Hergé. Outre les boutiques nombreuses que sont les libraires ou encore les magasins d’occasions où l’on trouve bandes dessinées, livres et ouvrages anciens, différents lieux de cette ville rappellent Hergé et son œuvre. L’on peut évoquer d’abord et prioritairement le quartier d’Etterbeek dans lequel Hergé est né, sa maison de naissance porte une plaque en son nom, aujourd’hui brièvement cachée par un lierre qui rappelle celui qui orne le château de Moulinsart dans les bijoux de la Castafiore. Plus loin, se trouve la place de Theux sur laqu...
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La vidéo-surveillance permet-elle de lutter contre l’insécurité ? Le débat politique et médiatique porte régulièrement sur la question de l’insécurité que vivraient nos compatriotes, ici ou là. C’est un sujet dont la récurrence est normalisée et qui se réactive à chaque fait divers relatant d’un drame où l’irréparable a été commis. Depuis quelques années maintenant, l’idée de surveiller l’espace public a fait son bonhomme de chemin en gagnant les consciences. Les caméras de surveillance se sont multipliées dans un certain nombre de municipalités et dans l’espace public en général. Il devient banal aujourd’hui de croiser à chaque coin de rue une caméra ici et là au-dessus de nos têtes.  Cela a pour effet annoncé de lutter contre l’insécurité et contre la délinquance. Ce premier point mérite qu’on s’y arrête car il convient de préciser de quoi on parle, ou plus précisément de qui l’on parle lorsqu’on évoque la délinquance. Autrement dit, s’il faut lutter contre la délinquance,...
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Penser à un métier dès la maternelle ?  Il y a quelques semaines, Elisabeth Borne ministre de l’éducation nationale, a déclaré que les élèves doivent se projeter dès le plus jeune âge quant au choix d’une formation ou d’un métier. Elle a précisé - et c’est sur ce point que cette déclaration a suscité de nombreuses réactions - que c’était dès la maternelle que les enfants/élèves devaient réfléchir à la question de leur avenir professionnel, qu’il soit incarné à travers un métier ou à travers une formation permettant l’insertion professionnelle. Cette sortie a pu étonner, notamment en raison de la suggestion faite de penser à un métier dès la maternelle. Il paraît évident que les enfants âgés de 3 à 6 ans ne peuvent nullement se projeter dans l’avenir, qu’il soit proche ou lointain, que les travaux en psychologie de l’enfant ont pu démontrer que la capacité d’attention (et donc de projection) de ces enfants est très limitée. Et puis, même sans mobiliser la psychologie ou les sciences...
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Greta Thunberg et Tintin, une filiation ? Si Tintin devait être un personnage réel et contemporain, peut-être pourrait-il s’incarner en la personne de Greta Thunberg. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord, il faut savoir que le deuxième prénom de Greta est Tintin et que cela suppose une volonté parentale de faire un lien avec le personnage de fiction que nous connaissons bien. En effet Greta, de son nom complet, s’appelle « Greta Tintin Eleonora Ernman Thunberg ». A partir de là, et connaissant aujourd’hui l’activisme dans lequel s’inscrit Greta Thunberg en particulier celui des luttes écologistes et des luttes anticapitalistes et antiimpérialistes, on peut encore supposer que le choix du nom de Tintin a été fait en référence aux valeurs que défend ce dernier. Tintin, dans son œuvre globale, est animé par des valeurs progressistes que l’on peut définir comme telles : la rencontre de l’altérité, une certaine idée d’une justice sociale, une défense des minorités (les...
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La relation entre Haddock et Abdallah, un lien d'humanité :  Les Aventures de Tintin sont propices au développement de l’imaginaire et donc aux possibles interprétations des relations que vivent les différents personnages. Parfois, certaines interprétations peuvent être douteuses, il n’en reste pas moins qu’il n’est pas interdit d’imaginer la vie que pourrait mener Tournesol dans les bras de la Castafiore, ou encore de rêvasser à l’activité favorite des Dupondt quand ils ne sont pas en service. Après tout, imaginer la vie des personnages est peut-être la meilleure manière d’entretenir un intérêt toujours plus fort pour Tintin, et d’inscrire l’œuvre de Hergé dans un continuum d’actualité toujours aussi vivace et prégnant.   Aujourd’hui, m’anime la relation que vivent Haddock et Abdallah dans les albums de Tintin. Ceux-là ne se croisent directement que très rarement, ils se rencontrent pour la première fois au pays de l’Or noir et se retrouvent nez à nez dans Coke en Stock. D’...
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Le Lotus bleu est-il le meilleur album de Tintin ? Si la réponse n'est jamais évidente, le fait de poser la question permet déjà de donner un début de réponse. Il est évidemment impossible de désigner l'un ou l'autre des albums comme étant le "meilleur", puisque le "meilleur" renvoie à des sensibilités diverses et multiples et invoque la subjectivité de chacun. Mais pour autant, si le Lotus Bleu n'est pas forcément le "meilleur" des albums pour l'un et pour l'autre, il est incontestablement l'album qui rendra les autres "meilleurs". En effet, le Lotus Bleu est un détonateur, un album qui ouvre la porte, un livre qui fait basculer l'auteur dans une dimension nouvelle où le fond et la forme trouve un équilibre qui sera annonciateur de productions, motivées par le souci de la qualité graphique et du dépassement des idées reçues. Il faut insister sur le fait que c'est un album "qui ouvre la porte". L'...