Traiter un individu de "mouton", une idée très en phase avec l'idéologie néolibérale :

L'idée qui consiste à traiter un tiers de "mouton" est une idée contemporaine et très en phase avec le néo libéralisme. Quand je traite mon voisin de "mouton", je le renvois à son individualité et je le catégorise dans une dimension excluante, pensant naïvement que ma hauteur de vue surplombe celle de mon voisin.

Le libéralisme fonctionne sur deux ressorts majeurs : orienter les individus vers des intérêts individuels et œuvrer à la division sociale à travers des politiques de reproduction des inégalités socio-économiques.

Dans la société libérale, tous les individus sont des moutons car tous sont renvoyés à des intérêts strictement individuels. Celui qui se pense au dessus du troupeau en jouant la carte de l'individu qui sait "mieux ou plus" reproduit un schéma libéral. Il s'érige en individu qui croit savoir, guidé par un intérêt là aussi individuel de supériorité par rapport à d'autres, ceux qui ne savent pas. Si cela lui permet de se sentir fort, politiquement ça n'a pas de poids.

Dans tous les cas, celui qui croit savoir et celui qui est jugé comme celui qui ne sait pas, dans la forme actuelle de catégorisation que l'on connaît, propre aux réseaux sociaux, conforte le pouvoir politique dans sa volonté d'orienter les individus vers des intérêts individuels, et donc d'empêcher les possibles alliances et l'organisation politique de personnes pour entrer dans un véritable rapport de force. C'est là également la différence entre un individu et un citoyen, l'individu est une notion dépolitisée (qui plaît au pouvoir), le citoyen lui est éminemment politique.

Autrement dit, je suis toujours le mouton d'une autre personne tant que je reste dans une perspective de catégorisation d'autrui, quand bien même les catégories socio-économiques sont l'apanage du libéralisme. C'est en cela que stigmatiser son voisin est très libéral.

Plutôt que de catégoriser, il faudrait politiser les aspirations individuelles. Le mouvement social n'a de poids que lorsqu'il est organisé collectivement (donc politiquement).
Ce pass sanitaire est pensé dans un contexte libéral de sélection, pour le contrer (si telle est la volonté populaire), il faudra s'organiser au delà des schémas libéraux que chacun a intériorisé.

Saïd Oner,

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