Le nécessaire besoin de prendre en compte les rapports de force en présence dans le cadre du conflit politique Israélo-palestinien :
Dire que dans un conflit politique, ce sont très souvent les
civils qui trinquent est juste mais ne se suffit pas à lui-même.
Il me paraît absolument juste (au sens de justesse et de
justice) de condamner les attaques à l’endroit de civils dans le cadre d’un
conflit politique qui oppose deux entités. Cela me paraît juste, nécessaire et
important pour tout défenseur des droits humains et de la vie humaine en
général. La mort provoquée intentionnellement de civils, en aucun cas, ne peut
se résoudre à une fatalité.
Toutefois, une fois que l’on a dit ça, on ne peut s’arrêter
là.
Ce crime de guerre (terme utilisé en droit international
lorsque des civils sont tués), aussi condamnable soit-il, doit être compris
dans un contexte plus large, non pas pour le relativiser mais pour le situer
politiquement, territorialement et historiquement. La dimension situationnelle
et contextuelle d’un acte ne peut être éludée, elle est à prendre en compte
pour décrypter un phénomène complexe et multifactoriel, en situation et en contexte.
Ainsi, les attaques commanditées par le Hamas s’inscrivent
dans un contexte d’accélération de violences à l’endroit d’une population
assiégée, elle-même subissant un système d’apartheid depuis plusieurs
décennies. Aussi, la politique de colonisation que mène l’état d’Israël depuis de nombreuses années provoque la mort de nombreuses personnes quotidiennement, violant le droit
international et avec la complicité tacite de la communauté internationale.
Les crimes de guerre sont le quotidien des populations
autochtones, et en particulier de la population Gazaoui qui subit un blocus
depuis 2007, la bande de Gaza étant une véritable prison à ciel ouvert.
Renvoyer dos à dos deux entités, comme beaucoup le font pour
le confort de la position, c’est faire fi des rapports de force en présence et
du rôle politique que mènent les uns et les autres. Dans cette histoire, il y a
un oppresseur et un opprimé dont les positions ne sont pas égales, ne sont pas
équidistantes et ne sont pas comparables sur un même plan. Dans une situation
d’oppression, ne pas prendre position pour l’opprimé ou tenir une position
faussement neutre de renvoi dos à dos, c’est faire le jeu de l’oppresseur.
En somme, sur un plan moral et humain il est absolument juste de condamner les crimes de guerre menés par le Hamas qui touchent des civils.
Sur un plan politique, ces crimes de guerre s’inscrivent dans des rapports de force et dans une historicité où violences, agressions, spoliations et humiliations sont le quotidien des populations autochtones.
L’on peut condamner sur un plan moral un acte isolé et précis. Il faut le faire si l’on défend les droits humains. Après, l’on peut réinscrire cet acte dans son contexte politique et territorial pour le décrypter avec une plus grande lucidité, et surtout pour politiser une situation éminemment politique avec des rôles différents selon les rapports de force en présence.
En définitive, une lecture politique des rapports de force en présence permet de condamner la mort de civils suite à des crimes de guerre, tout en permettant de réinscrire ces crimes dans une historicité et dans une situation donnée, dans laquelle les crimes de guerre sont légions.
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