La "policiarisation" et la militarisation des espaces publics ; l'exclusion d'un public indésirable au profit d'un public désiré et sélectionné :

La période de festivités actuelle est l'occasion de revenir sur certains points.

L'espace public dans lequel les individus déambulent est un espace qui se privatise et offre de moins en moins d'espaces au public, au sens générique du terme.

L'espace n'est donc pas accessible à tous publics, il est marqué par des choix politiques, stratégiques et économiques afin de sélectionner le public désirable et désiré qui aura le droit de profiter de l'espace "public".

Par conséquent, l'espace n'est pas neutre. Il sélectionne les désirés et élimine les indésirables.

Ainsi, et dans le but de sélectionner, l'espace public est "policiarisé" et militarisé. La présence de policiers et de militaires a pour conséquence de normaliser un ordre sécuritaire qui impose, à travers symboles et pouvoirs, sa lecture d'un espace public qui devient un espace sélectif, privé et de fait excluant.

Si l'espace est militarisé, il y a de moins en moins d'espaces, si le public est sélectionné il y a de moins en moins de publics. Il y a donc de moins en moins d'espaces publics.

Nous intégrons cet ordre sécuritaire comme normal, banal et même souhaitable. Il rassure, il sécurise, il accompagne...Il prend même le temps de discuter, de sympathiser. Oui il peut être sympathique. Et il le sera avec une partie de la population jugée comme désirée et désirable, celle qui a un certain pouvoir économique, celle qui jouit de privilèges, celle qui est acceptée dans le bal des festivités et de la consommation.

L'ordre sécuritaire permet, en fin de compte, de maintenir un rapport de forces profitable aux dominants. En marquant l'espace public de symboles de pouvoirs, il démontre sa force, il définit son territoire et rappelle qui est celui qui mène la danse. Certains auront le privilège de participer à ce cirque ambiant et en seront ravis, allant jusqu'à faire du zèle. Les autres seront rejetés, discriminés, exclus pour le bien des festivités.

L'espace public n'est donc qu'un espace militarisé, souillé de rapports de pouvoir et où le public est sélectionné sous la menace des armes et des uniformes.

Saïd Oner,