La journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie : 

En ce 17 mai 2023, journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, rappelons que les personnes LGBT+ font toujours l’objet de discriminations, de rejets, d’harcèlements, d’insultes et d’agressions diverses et variées dans la société Française.

Ce qui doit nous alerter, selon moi, est qu’il s’agit d’atteintes aux personnes pour ce qu’elles sont, pour ce qu’elles veulent être ou tout simplement parce qu’elles sont en quête d’une identité qui correspond à ce qu’elles veulent être. Nous touchons au plus profond de l’être humain, au même titre que la couleur de peau, dénier à ces personnes le droit d’exister en société en affichant ce qu’elles sont à travers leur corps, est d’une violence dont on ne mesure pas la portée. Refuser l’accès à un logement à un couple de gays ou à une personne noire, par exemple, est la traduction paroxystique de la violence commise à l’encontre de corps et de la perception de ces corps dans l’espace public.

Ici, le poids de la normativité sociale et des croyances individuelles et collectives à des effets dévastateurs sur le droit de chacun à disposer de son corps et à afficher sa singularité. La société Française reste encore très hétéronormée, les pouvoirs publics feignent de prendre en compte les différents rapports alarmant sur la situation des personnes LGBT+ ou identifiées comme telles. La société Française demeure conservatrice dans son rapport à l’altérité. D’aucuns argueraient que le mariage pour tous est passé par là, certes. Cependant la séquence relative concernant le mariage pour tous survenue en 2013, n’est pas tant l’adoption d’une loi aussi importante soit-elle, mais plutôt la mise en lumière du caractère réactionnaire et conservateur d’une partie importante de la population Française à travers des mobilisations sociales importantes.

En outre, on a construit l’idée que les relations de couples se fondent entre deux sexes opposés. Cette idée s’est inscrite dans la durée pour en devenir - ce qu’on appelle dans le champ sociologique - une idée dominante.

Autour de cette idée dominante - pour l’imposer au sein de la société - il a fallu créer des rôles sociaux selon les sexes pour légitimer le nécessaire besoin des femmes, par exemple, à se sentir protégées par le sexe fort : l’homme. C’est la raison pour laquelle demeure encore aujourd’hui l’idée que les femmes ont besoin d’un homme pour se sentir en sécurité ou encore que les hommes le sont (hommes) qu’à partir du moment où ils font preuve de virilité. Ainsi, l’homme joue le rôle social de celui qui est fort et qui protège, tandis que la femme celui de celle qui est faible et qui a besoin d’être protégée. La rencontre des deux (un homme et une femme) provoque donc un équilibre parfait pour la société conservatrice, entre celui qui protégera celle qui ne demande qu’à être protégée. Ce qui par extension explique les violences faites aux femmes et l’impunité qui les caractérisent : Une femme qui refuse l’assignation à un rôle social s’expose à la violence conservatrice, d’un individu tout comme de la société.

 Ce schéma global est la conséquence plus ou moins importante du poids de l’hétéronormativité qui s’installe comme le seul mode relationnel dominant avec des rôles sociaux que doivent jouer femmes et hommes : Nous voulons un homme et une femme car cela traduit la complémentarité normative que valorise la société conservatrice et patriarcale.

Aujourd’hui, beaucoup cherchent à s’émanciper de ce rôle social qu’on impose selon le sexe de chacun. Les femmes refusent cette assignation à un rôle et rejettent l’idée de n’être reconnue qu’à travers une identité sexuelle (d’où la revendication de non-binarité qui consiste à balayer l’assignation à un rôle social à travers la seule identité sexuelle). Aussi, femmes et hommes refusent le modèle dominant relatif aux relations sociales et revendiquent la possibilité de vivre une identité qui peut être plurielle et diverse.

En attendant, le caractère hégémonique de la normativité sociale continue d’invisibiliser, d’exclure, de rejeter, de discriminer voire de tuer. Il y a des personnes de couleur noire qui peuvent aujourd’hui mourir pour ce qu’elles sont. Il y a des jeunes adultes homosexuels qui peuvent se suicider aujourd’hui, à cause du rejet dont ils font l’objet…

Le principe de la norme et de désigner ce qui relève de la normalité et donc de ce qui est socialement accepté. C’est d’ailleurs pour cela que les personnes de couleur noire sont souvent renvoyées à l’appellation « diversité ». Si le blanc est la norme, les autres sont issus de la diversité ou de l’exotisme dans un rapport à l’autre où le blanc est dominant. De la même manière, si l’hétérosexuel est la norme, le gay ou la lesbienne peuvent être jugés très tranquillement comme « déviants ».

Ce qui ne relève pas de la normativité sociale est donc voué au rejet, à l’exclusion, à la discrimination, à la marginalité, à la mort sociale voire à la mort tout court.

La question n’est pas de faire valoir l’époque qui supposerait, comme par enchantement, que la société serait davantage tournée vers l’égalité en droits. De fait, elle ne l’est pas en 2023. La question réside, encore et toujours, dans les rapports sociaux dans lesquels la société érige en exemple des dominants et marginalise des dominés, des exploités dont les droits demeurent largement bafoués dans l’intérêt de la préservation d’un ordre social dominant.

Saïd Oner,

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